Travailler dans les métiers de l’écologie
Enjeux de l’insertion des diplômés
L’insertion professionnelle dans les métiers de l’écologie et de la gestion de la biodiversité reste un enjeu stratégique pour les étudiants et jeunes diplômés bac+2 à bac+5.
Selon le Service des données et études statistiques (SDES), plus de 121 000 étudiants étaient inscrits en dernière année de formations environnementales en 2021-2022, couvrant plus de 250 diplômes spécifiques.
Trois ans après leur sortie, environ 75 % d’entre eux occupent un emploi, mais la typologie des contrats (CDD de projet, vacations, services civiques) traduit la précarité d’un secteur encore sous tension.
L’objectif de ce guide est de proposer des repères concrets et opérationnels : discerner les principales structures d’emploi, identifier les compétences recherchées, optimiser sa candidature et développer une stratégie réaliste d’accès à l’emploi, au stage ou à l’alternance dans les métiers de l’écologie.
Recruteurs et recrutements en écologie
Selon le type de recruteur — bureau d’études, collectivité, association ou établissement public — les missions proposées diffèrent : diagnostics réglementaires, inventaires naturalistes, gestion de sites protégés, ou encore animation de politiques territoriales.
Bureaux d’études en ingénierie écologique :
- Réalisation d’études d’impact et dossiers réglementaires (loi sur l’eau, dérogations espèces protégées).
- Inventaires faune-flore, suivi de populations ou d’habitats.
- Travaux liés à l’ingénierie écologique : restauration de zones humides, continuités écologiques.
Collectivités territoriales et établissements publics :
- Élaboration et mise en œuvre de plans de gestion d’espaces naturels (ENS, réserves naturelles, parcs naturels).
- Suivi des politiques publiques : trame verte et bleue, Natura 2000, plans biodiversité.
- Postes souvent accessibles via concours ou contrats de projet.
Gestionnaires d’espaces naturels :
Les gestionnaires d’espaces naturels constituent une catégorie spécifique de recruteurs du secteur public. Leur cœur de mission repose sur la préservation, la gestion opérationnelle et la valorisation des milieux naturels et de la biodiversité.
- Parcs nationaux
Missions : Mise en œuvre des chartes de parc, surveillance et protection d’espèces/habitats, accueil et sensibilisation des publics, suivi scientifique.
Métiers : Garde-moniteur, Chargé de mission biodiversité, Technicien de suivi faune-flore,… - Parcs naturels régionaux (PNR)
Missions : gestion intégrée des territoires ruraux, développement durable local, animation de chartes, accompagnement des acteurs socio-économiques.
Métiers : Chargé de mission Natura 2000, Animateur trame verte et bleue, Chargé d’éducation à l’environnement,… Cf. Référentiel métiers des PNR, datant de 2013 mais instructif ! - Réserves naturelles
Missions : préservation de sites exceptionnels, protection de la biodiversité et la conservation d’habitats rares ou menacés à l’échelle nationale.
Métiers : Conservateur de réserve, Technicien de gestion des milieux, Chargé d’études écologiques,… - Conservatoires d’espaces naturels (CEN)
Missions : connaître, à protéger, à gérer, à valoriser les espaces naturels et à accompagner.
Métiers : Chargé de mission habitats/flore, Chargé de communication,… - Conservatoires Botaniques nationaux (CBN)
Missions : connaître et conserver la nature, la flore sauvage, fonge, végétations et habitats naturels et semi-naturels.
Métiers : Botaniste-conservateur, Jardinier-botaniste, Chargé d’études et médiateurs scientifiques,…
- Suivis naturalistes : suivis avifaune, herpétofaune, chiroptères,…
- Animation et éducation à l’environnement.
- Importance du bénévolat préalable ou des services civiques comme tremplins.
Recherche académique et établissements parapublics
- Programmes de recherche appliquée en écologie (universités, CNRS, INRAE, OFB).
- Missions de terrain longues (suivi de populations, expérimentations).
- Possibilités d’alternance dans certains masters recherche et parcours doctoraux.
Consulter cette liste de labos en écologie.
Compétences attendues
- Expertise naturaliste ciblée : taxonomie précise sur un ou plusieurs groupes (odonates, bryophytes, chiroptères).
- Maîtrise des outils SIG : QGIS, ArcGIS, gestion de bases de données spatiales.
- Connaissance réglementaire : espèces protégées, habitats d’intérêt communautaire, dérogations, séquence ERC.
- Compétences rédactionnelles : rapport d’étude, note de synthèse, argumentaire réglementaire.
- Gestion de projet et concertation : coordination multi-acteurs, animation territoriale, rédaction de cahiers des charges.
Pour les recruteurs, ces compétences opérationnelles pèsent souvent davantage que le seul intitulé de diplôme ! Et ne négligez pas le « Savoir-être » qui en fait un déterminant humain essentiel…
Alternance en écologie / biodiversité
L’alternance (contrat d’apprentissage ou professionnalisation) s’est développée dans le secteur environnemental — bien que les opportunités restent encore modestes dans les niches naturalistes.
Quelques spécificités de l’alternance en écologie :
- Les missions confiées doivent être concrètes : inventaires, suivi d’espèces, restauration écologique, études d’impact.
- L’employeur doit être en mesure de structurer l’alternance : plan de formation, tuteur sur le terrain, lien avec le diplôme. La nature pratique des tâches est essentielle pour que l’alternant ne fasse pas seulement des “petites tâches”.
- Le rythme d’alternance est souvent contraint (par exemple 2 jours formation / 3 jours terrain, ou semaine sur deux) — il faut que le projet soit calibré pour permettre ce double apprentissage.
Pourquoi choisir l’alternance en écologie ?
- Elle permet une expérience de terrain tout en validant un diplôme, ce qui augmente considérablement la crédibilité du profil et l’insertion professionnelle.
- Moins de rupture entre théorie et pratique : l’alternant est immergé dans une structure qui fonctionne, apprend les contraintes réelles (terrains, logistique, protocoles).
- Pour l’employeur, c’est un moyen de former à ses outils (SIG, méthodes d’inventaire) un candidat qui pourrait rester après le contrat.
Exemples de postes en alternance
- Apprenti inventaire faune-flore en réserve naturelle
- Alternant en chiroptérologie en bureau d’études
- Alternant biodiversité au sein du réseau SNCF
Si vous êtes recruteur et envisagez d’accueillir un alternant en écologie → Diffusez gratuitement votre alternance
Insertion et perspectives du secteur
- Taux d’emploi : environ 75 % à trois ans, mais avec une forte part de CDD (données SDES).
- Secteurs recruteurs : concentration sur les bureaux d’études et les collectivités ; faible proportion de postes stables en association. Mais c’est du cas par cas, selon la taille des structures.
- Saturation : métiers de « chargé d’études faune-flore » très demandés → nécessité de différenciation (groupes taxonomiques rares, expertise réglementaire, SIG).
- Évolutions émergentes : montée en puissance du génie écologique, de l’adaptation climatique, de la RSE et de la biodiversité appliquée aux filières économiques (agriculture, énergie). Le développement de nouvelles technologies (IA, Drone…) impacte aussi sur la manière de travailler…
Voici des offres d’emploi, d’alternance et de stages en écologie en cours ou archivées. Les anciennes offres sont également utiles à consulter pour identifier des employeurs, des compétences recherchées :
- Comment trouver un emploi, un stage ou une alternance en écologie ?
- Stage écologie des milieux aquatiques H/F
- Chargé de mission Pêche H/F
Conseils Orientation Environnement pour candidater
Rédiger un CV en écologie
- Mettre en avant les compétences opérationnelles avant le diplôme : taxonomie, SIG, gestion d’habitats, rédaction réglementaire.
- Mentionner précisément les missions de stage ou d’alternance : responsabilités confiées, méthodes utilisées, compétences mobilisées.
- Ajouter un portfolio de productions (rapports, cartes SIG, inventaires, publications).
Candidature (offres et spontanées)
- Analyser finement le recruteur : rapport d’activité, projets en cours, publications, axes stratégiques.
- Étudier la composition de l’équipe, l’organigramme, les partenariats et financements (programmes LIFE, appels à projets).
- S’appuyer sur le site institutionnel et les réseaux sociaux du recruteur.
- Dans la lettre de motivation, répondre à ses besoins concrets (ex. expertise sur un habitat ou une espèce mentionnée dans ses projets).
→ Lorsque vous répondez à une offre, adaptez votre CV au profil recherché, mettez en avant vos savoir-faire recherchés par le recruteur.
→ Lors d’une candidature spontanée axez votre lettre de motivation sur votre projet professionnel, le métier que vous visez, ce que vous pouvez apporter à votre interlocuteur.
Positionnement stratégique
- Valoriser les expériences bénévoles ou associatives comme preuves de terrain et d’implication.
- Mentionner les certifications complémentaires (permis de capture, brevet de plongée, formations SIG, modules OFB, CNFPT).
- Montrer sa capacité à travailler à l’interface technique-réglementaire-politique, indispensable pour progresser.
Conclusion
Le marché de l’emploi en écologie ne se limite pas à une “passion pour la nature” : il repose sur la capacité à transformer une expertise naturaliste en compétence opérationnelle, directement mobilisable dans les projets d’aménagement, de conservation ou de recherche.
Se différencier passe par :
- Un profil expertisé sur un taxon ou un outil clé.
- Une expérience terrain capitalisée et correctement mise en avant
- Une compréhension des contraintes réglementaires et des logiques de financement :
culture d’entreprise, gestion et sociologie des organisations, veille réglementaire…
C’est à cette articulation — expertise scientifique, opérationnalité et adaptation aux projets concrets — que se joue la réussite professionnelle des jeunes écologues !
Pour aller plus loin
Envie d’approfondir ou de préparer concrètement votre candidature ? Découvrez nos ressources complémentaires :
- Métiers de l’écologie : un référentiel complet pour comprendre les parcours et compétences attendues.
- Annuaire des acteurs de l’écologie : organismes publics, gestionnaires d’espaces, associations et bureaux d’études, unités de recherche.
- Recrutements en écologie : offres d’emploi, stages et alternances publiées sur Orientation Environnement.
Liens utiles :
SDES – Ministère de la Transition écologique, Formations environnementales 2019-2020
SDES – Formations environnementales et insertion professionnelle : Bilan environnemental 2024
Notre-Environnement – Insertion des jeunes formés en environnement