Activités humaines et préservation de l’environnement littoral
Immersion au sein de Terra Vi(v)u pays littoral avec Marion COUTURE, animatrice de cette association spécialisée dans les pressions littorales et les initiatives d’intérêts collectif.
Marion, vous animez depuis 2016 l’association Terra Vi(v)u. Quel a été le déclic pour créer cette association ?
De formation environnement littoral, j’avais à cette époque une expérience de 4 ans sur les suivis d’activités littorales et les pressions touristiques en Méditerranée.
À cette époque, à l’exception de quelques espaces protégés, les informations relatives aux activités et aux pressions sur le littoral étaient produites de façon ponctuelle ou trop globale pour répondre à des objectifs locaux de gestion et de sensibilisation. Je me suis vite aperçue que beaucoup de structures naturalistes, de collectivités, d’associations ou de socio-professionnels, se retrouvaient alors sans informations précises sur la fréquentation des espaces sur lesquels ils travaillaient pourtant quotidiennement.
Nous avons décidé avec 4 bénévoles, sensibles aux problématiques de saisonnalités, de créer une structure à but non lucratif, qui produit de la connaissance sur les activités et les pressions humaines en milieu littoral et de développer des initiatives d’intérêt collectif pour répondre à ces observations.
Ces dernières années, sur quelles thématiques avez-vous travaillé en particulier ? Quels sont les nouveaux enjeux du tourisme littoral ?
Depuis 8 ans, nous travaillons plus spécifiquement sur la question des plages et des sentiers du littoral. Nous nous intéressons aux nombres de visiteurs ainsi qu’à leurs activités, leur répartition et leur diffusion dans l’espace. Cette récolte de données s’accompagne de relevés de pressions diverses, avec un travail particulier sur les sentes d’érosion (piétinement), la présence de macro-déchets ou encore les quantités de sable déplacés par les visiteurs. C’est un travail coordonné que nous réalisons avec l’ensemble des acteurs du territoire.
En termes de dégradation de l’environnement littoral, il y a effectivement un facteur « quantité de personnes », mais la sensibilité des sites dépend également d’autres paramètres, notamment de leur configuration (topographies, voies d’accès, paramètres naturels, gestion du site), des activités qui y sont pratiquées, et des profils des visiteurs. La connaissance des réglementations et des sources de dégradation reste peu élevée dans la majorité des espaces que nous avons étudiés, ce qui peut expliquer une pression plus marquée sur certains sites.
La logique actuelle va à l’attractivité des territoires, sans doute pour compenser une activité de production locale qui diminue. Certains espaces naturels se retrouvent donc directement ou indirectement dans les problématiques liées à une fréquentation nouvelle. L’enjeu principal est sans doute celui là : quelle logique institutionnelle souhaite-t-on ? Et quelles visions de ces espaces vont privilégier les territoires et les socio-professionnels ? Pourra-t-on proposer un tourisme différent alors que la communication passe beaucoup par internet et les réseaux sociaux ?
D’autant que l’enjeu environnemental n’est bien évidemment pas le seul, puisque l’attractivité génère depuis longtemps d’autres problématiques comme la baisse de la qualité du tourisme, la dégradation du cadre de vie des résidents, les conflits d’usages et plus récemment de l’accidentologie sur les sites naturels.
Vous animez le projet QAPELCO en Corse. Quelle est sa vocation ?
QAPELCO est l’aboutissement concret de l’expérience et des travaux réalisés par notre association. Il permet d’expérimenter à l’échelle d’une microrégion, la plaine orientale, les opportunités qu’offre l’exploitation et le partage des données de fréquentation et de pression au sein d’un réseau de professionnels de tourisme locaux.
En coordination avec le travail des propriétaires et gestionnaires de sites naturels du littoral, nous récoltons chaque saison ces données sur le territoire. Un travail de restitution et de concertation avec les socio-professionnels et les offices de tourisme locaux est réalisé au mois de novembre pour définir des actions opérationnelles et faire évoluer la charte écotourisme local.
Grâce à ce travail coordonné, nous souhaitons montrer qu’il est possible d’optimiser l’efficacité des initiatives en faveur de la préservation des sites. En travaillant à la fois avec les structures d’accueil (hébergeurs, restaurateurs, guide nature, producteurs) et les gestionnaires, nous nous assurons que les visiteurs sont davantage sensibilisés et orientés avant et pendant leur visite sur les sites.
Votre association organise également des formations. Pourriez-vous nous préciser leurs objectifs ?
La formation CEBOPAN fait partie des initiatives que nous développons en réponse à notre travail de terrain. Elle consiste à former et à sensibiliser les futurs techniciens et encadrants sportifs aux problématiques actuelles du tourisme de nature et à transmettre les outils pour mieux préserver l’environnement.
La formation TRADDEC, qui est à ce jour la plus demandée, répond à ce besoin de connaissance des sources d’informations par les citoyens et les professionnels et cible davantage la recherche de données publiques, leur compréhension et leur utilisation sur cartographie. N’hésitez pas à consulter les commentaires des stagiaires de la formation TRADDEC.
Pour en savoir plus, contacter l’association Terra Vi(v)u pays littoral :
Maison de la nature et des mobilités douces
Espace nautique – Route de la mer
20270 ALERIA
Sites web : www.terravivu.fr & www.larandodemarion.fr
Propos recueillis le 15/01/2024 par Jérôme Valina
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