Rapport d’étude Prospective de l’emploi en géosciences
D’après une étude réalisée par Jacques VARET, Direction de le Prospective BRGM, avec le soutien de Michel BORSIER
A la demande du Conseil d’Administration du BRGM, du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, ce rapport fait le point sur la prospective de l’emploi dans le domaine des Géosciences à l’horizon 2020. En voici la synthèse.
L’emploi dans les géosciences
La croissance rapide depuis 2005 des prix des matières premières minérales et énergétiques traduit une insuffisance de l’offre face à une demande en pleine expansion, après une période de 20 ans de sous-investissement en exploration production. Il en découle un appel très important en géologues et ingénieurs formés dans les domaines des géosciences (géologie, géophysique, ingénierie de production) auquel les universités et les écoles spécialisées n’ont pas été préparées.
Le champ de l’environnement a heureusement continué à pourvoir à des métiers et des formations en géosciences qui n’ont pas totalement disparues. En outre de nouveaux métiers apparaissent et devraient se développer à l’avenir.
Au final, le paysage de la prospective de la demande est le suivant :
- demande croissante et soutenue sur 20 ans au niveau mondial, avec de fortes répercussions en France, en matière d’exploration minière et pétrolière, dans les compagnies multinationales et plus encore les compagnies nationales et les sociétés de services ;
- poursuite de la forte demande de ces dernières années dans les métiers de la géologie pour l’aménagement (géotechnique notamment), l’industrie extractive (matériaux, minéraux industriels, granulats…), l’hydrogéologie, les sols pollués et les déchets, l’après-mine, les risques naturels et plus généralement au service des politiques de développement durable (bureaux d’études, collectivités, entreprises) ;
- demande nouvelle accompagnant l’exploitation de ressources minérales et énergétiques plus difficiles pour une prise en compte de l’environnement dès la conception puis la mise en œuvre des projets (gisements métalliques à plus faibles teneurs, sables asphaltiques, schistes bitumineux…) ;
- nouveaux métiers liés aux contraintes climatiques ou aux émergences technologiques : stockage géologique du CO2, géothermie superficielle ou profonde, traitement des données spatiales et intégration de données multi-sources dans des modèles de prévision et des outils de visualisation (réalité augmentée).
Objectif de ce rapport
L’objectif de ce travail est de mesurer l’ampleur du problème, qui à l’évidence dépasse le cadre français, de sorte qu’il ne suffit pas de se tourner vers l’étranger pour le résoudre. Au contraire, il apparaît qu’une vision mondiale ouvre des opportunités.
1. Une information du public et notamment des élèves des collèges et des lycées sur les perspectives ouvertes en terme d’emplois en géosciences dans l’industrie extractive et l’environnement, avec, corrélativement, une adaptation des programmes d’enseignement ;
2. Une révision du dispositif d’enseignement supérieur français des géosciences, qui pourrait être avantageusement redéployé sur quelques centres de niveau international couplant enseignement, recherche et partenariats socio-économiques (industrie pétrolière et minière ; opérateurs de l’environnement, notamment) pour répondre à la forte demande mondiale, renforcé (en terme de postes d’enseignants titulaires et de souplesse accrue d’accueil des intervenants extérieurs) sur ces sites, et partiellement découplé des besoins de l’enseignement secondaire comme des priorités antérieurement affirmées par le CNRS1.
3. La mise en place d’une politique d’accueil d’étudiants et de stagiaires étrangers – notamment issus des pays pétroliers et miniers – en France dans ces matières (par élargissement de l’action du CESMAT et du CIFEG), et plus généralement un renforcement des partenariats et des échanges européens et internationaux (professeurs invités, enseignements multilingues…), en mobilisant les structures spécialisées (comme le Studium2 en Région Centre).
4. L’identification de programmes de R&D français et européens (ANR, PCRD) couvrant le champ des ressources minérales et énergétiques, pendant à finalité économique et sociale de la programmation existante de l’INSU ;
5. Une implication plus forte du BRGM dans :
- une fonction de veille et de prospective concernant les activités et métiers des géosciences, notamment dans l’industrie et les politiques publiques, pour mieux prendre en compte et anticiper le caractère cyclique de ces activités ;
- la structuration d’un pôle de formation supérieure en géosciences à forte visibilité internationale à Orléans – en lien avec l’Université, le CNRS et les entreprises du secteur – associant masters et doctorats, école d’ingénieur (IPO renforcée) et une nouvelle école de spécialité (ENSGME) ;
- la création d’une fondation pour l’enseignement des géosciences, en partenariat avec les entreprises du secteur, destinée à stimuler des formations (prise en charge de chaires d’enseignants, de stages et de bourses de thèses) ;
- la création d’un nouveau pôle de compétitivité « Géosciences » centré sur le Sud du Bassin de Paris associant Orléans, Fontainebleau (ENSMP) et Rueil-Malmaison (ENSPM et IFP) et les entreprises du secteur des ressources minérales et énergétiques, de l’eau et de l’environnement.
Rapport disponible en ligne notamment sur le site du BRGM : télécharger le rapport
1 Document de prospective et de stratégie du CNRS ; aujourd’hui complété par un nouveau document de prospective de l’INSU, qui recentre la stratégie des sciences de la terre sur des finalités plus proches de nos analyses : énergie et ressources minérales notamment.
2 Association Loi 1901 spécialisées dans l’accueil de professeurs et chercheurs étrangers de haut niveau soutenue par les entreprises et les collectivités territoriales de la Région Centre.
Propos recueillis par J. Valina, octobre 2008